L'affaire Omar Raddad
Le 24 juin 1991, le corps de Ghislaine Marchal est retrouvé gisant dans une marre de sang, dans la cave de sa villa de Mougins près de Cannes. Cette riche veuve, âgée de 65 ans, vivait seule et menait une vie sans histoires. La scène de crime est terrifiante. Les premières constatations révèlent que la victime a été frappée à plusieurs reprises avec une arme blanche. Sur une porte menant à la cave, les gendarmes découvrent une inscription en lettres de sang restée célèbre : « OMAR M’A TUER ». Ces mots semblent désigner Omar Raddad, le jardinier de Ghislaine Marchal depuis 3 ans. C’est un jeune Marocain de 28 ans, père de deux enfants et au casier judiciaire vierge. Dès le lendemain de la découverte du corps, Omar Raddad est placé en garde à vue. Mais en l’absence d’interprète, il peine à comprendre les questions des enquêteurs et ne saisit pas bien quelles accusations pèsent contre lui. À l’issue de sa garde à vue, il est inculpé et incarcéré. Les expertises concluent que les lettres de sang sur la porte ont bien été écrites de la main de la victime. Les gendarmes sont persuadés qu’Omar Raddad a tué sa patronne pour la voler afin d’aller assouvir sa passion pour les machines à sous au casino de Cannes. Pourtant, dans le quartier autour de la maison de Ghislaine Marchal, tous ceux qui connaissent le jardinier restent persuadés que le jeune homme est innocent. De fait, de nombreuses zones d’ombre subsistent, qui vont concourir à rendre cette affaire extrêmement célèbre. Vu les terribles blessures qui ont entraîné sa mort, comment Ghislaine Marchal a-t-elle pu trouver la force d’écrire sur la porte avec son propre sang avant de mourir ? Par ailleurs, comment la porte de la cave où le corps a été retrouvé a-t-elle pu être bloquée de l’intérieur ? Soit c’est la victime qui l’a bloquée, soit c’est son(ses) meurtrier(s). Or ces deux scénarios semblent tout aussi improbables. S’ensuit alors l’une des plus grandes affaires criminelles de ces dernières décennies, jalonnée de nombreux rebondissements judiciaires. Le 14 avril 1993, soit près de deux ans après le meurtre, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Aix-en-Provence renvoie Omar Raddad devant les Assises. L’accusation « ressort principalement de sa dénonciation écrite par la victime, à l’aide de son sang, de son absence d’alibi et des besoins financiers de l’intéressé ». Le 2 février 1994, Omar Raddad est condamné à 18 ans de réclusion criminelle par les jurés de la Cour d’assises de Nice. Omar Raddad ne cesse de clamer son innocence. Défendu par le célèbre avocat Jacques Vergès, son procès a fait la une des médias et beaucoup de journalistes soutiennent l’accusé, dénonçant une erreur judiciaire. En septembre 1998, le président de la République Jacques Chirac gracie partiellement Omar Raddad qui est libéré après avoir passé 7 ans en prison. Bien que la Cour de révision estime qu’il existe un doute sur la culpabilité du condamné, la Cour de cassation refuse, en novembre 2002, la demande de révision déposée par la défense. 27 ans après les faits, Omar Raddad se bat toujours pour faire reconnaître son innocence. Défendu aujourd’hui par Me Sylvie Noachovitch, il s’apprête à déposer une nouvelle requête en révision. En effet, des ADN masculins, issus de prélèvements réalisés sur la porte de la cave, sont susceptibles de relancer l’affaire. L’un de ces prélèvements a matché avec un ADN enregistré dans le FNAEG, le fichier national des empreintes génétiques. Mais jusqu’à présent, personne n’a pu savoir à qui il appartient. Dans les prochains mois, de nouvelles révélations pourraient ainsi faire rebondir cette affaire hors du commun… Voir moins